Petites terres

Tout a commencé par une rencontre : un stage à l’Institut Européen des Arts Céramiques de Guebwiller.
Ce jour-là, une porte s’est entrouverte. Pas de coup de foudre, mais la découverte d’un chemin possible, d’une réalité à portée de mains. Ce qui m’a captivé ? Le silence qui enveloppe l’atelier, la solitude fertile où les mains s’affairent et l’esprit s’évade, léger.

Depuis, j’apprends sans cesse. Des formations en tournage, en émaillage, en techniques de décor… et tant d’autres à venir.
Car la terre ne se laisse pas dompter : elle s’apprivoise, patiemment, chaque jour.

Petites Terres

Pourquoi « Petites Terres » ?
Parce que mon histoire est liée à la matière, à ses infinies nuances : terre blanche, grise, noire, chamottée. Chacune a son grain, sa mémoire, sa façon de répondre au geste. Faire tourner ces terres, c’est comme tenir des planètes entre les doigts. Des mondes minuscules, mais entiers.

Mes inspirations naissent de la nature et de la gravité. Je cherche l’équilibre, cette harmonie qui semble simple, mais qui se révèle dans l’instant, dans le mouvement.

Mon processus ? Un dialogue. Une idée germe, mais c’est la terre qui décide. Elle transforme, surprend, dépasse souvent ce que j’avais imaginé. La pièce naît du geste, des mains qui cherchent, tâtonnent, jusqu’à ce que la forme s’impose d’elle-même. Pas de croquis préparatoires, seulement des essais, des recherches — comme si la forme était déjà là, cachée dans la matière, et qu’il suffisait de la libérer.

J’aime le tour, cette danse ancienne où la terre s’élève entre les doigts. Mais j’aime aussi le modelage, presque sans outils, quand la terre est assez malléable pour se laisser façonner. Les pièces à la plaque ou à la pastille ont une âme plus sauvage, une personnalité qui leur est propre.

Ce qui rend chaque pièce unique ? L’instant où elle naît. Le temps passé à la toucher, à l’écouter.

La céramique est une pratique naturellement écologique : ancrée dans le temps, liée à la terre.

Je travaille sans plomb ni cadmium, et le recyclage de la matière réduit mes déchets à presque rien — un seau de 10 litres par an, quelques emballages qui échappent à la réutilisation.

L’atelier n’est pas toujours ouvert. La création a besoin de solitude, de ces moments où le temps s’étire, où seul compte le dialogue avec la matière. Mais une ou deux fois par an, je vous invite à pousser la porte, à découvrir cet univers où la terre devient art.